La troponine est une substance composée de plusieurs protéines qui se retrouvent dans la constitution des tissus musculaires et permet leur contraction. Elle joue notamment un grand rôle dans la régulation des contractions cardiaques.
Un taux trop élevé de troponine T dans le sang peut être signe avant-coureur d’un infarctus. En effet, si celle-ci est présente en trop grande quantité dans le plasma sanguin, c’est qu’il y a très probablement des lésions au niveau du myocarde qui est le muscle cardiaque. Ce genre d’affection doit être traitée urgemment au risque d’entraîner la mort du patient.
Le soucis est qu’une étude est parue, prouvant que la trop forte concentration de troponine dans le sang peut être due à d’autres facteurs comme l’âge, le sexe ou les antécédents médicaux de la personne. C’est-à-dire que la valeur seuil actuelle serait trop basse pour suspecter systématiquement une crise cardiaque, et les médecins ayant participé à cette expérimentation proposent de la rehausser.
Mais, est-ce une décision raisonnable ? Ne vaut-il pas mieux laisser la valeur seuil telle qu’elle est afin de se prémunir d’éventuelles erreurs de diagnostique qui pourraient causer le décès de nombreuses personnes ? C’est un débat qui fait du bruit au sein du corps médical et des cardiologues…
La valeur seuil actuelle de la troponine
A ce jour, la valeur seuil de la troponine (celle qui ne doit pas être dépassée) est de 0,6 μg/L. Ce dosage se fait sur simple prise de sang. Les médecins partent du principe que toute élévation au-delà de ce seuil peut signifier qu’il y a une détresse cardiaque ou rénale et que les tissus nécrosent. Il faut donc en traiter la cause au plus vite.
Mais cette valeur seuil est peut-être sur-estimée…
C’est en tous cas ce que pensent les chercheurs de l’étude CHARIOT menée au Royaume-Uni.
Dans cette expérience rassemblant 20 000 malades hétérogènes choisis arbitrairement, dont ils ont mesuré la teneur en troponine dans le sang, les chercheurs se sont aperçus que la hausse de cette enzyme n’est pas nécessairement due à une insuffisance cardiaque mais peut être liée à l’âge du patient ou son sexe. En d’autres termes, les scientifiques ont remarqué une augmentation de la troponine chez les hommes plus âgés, sans pour autant avoir observé de lésions au niveau du myocarde.
L’étude est uniquement observationnelle et ne permet pas à ce jour d’établir de lien de causalité, mais certains médecins mettent en garde sur la mise systématique sous traitements de patients qui n’en auraient pas besoin.
Il faudrait davantage d’études plus précises et plus poussées pour savoir si, oui ou non, il faut revoir à la hausse la valeur seuil de la troponine pour éliminer l’administration excessive et inutile de traitements.